Deux ans avant de planifier ce trek, nous arpentions les montagnes autour de Tafraoute, pour réaliser un itinéraire de plusieurs jours d’oasis en oasis. Notre deuxième voyage dans l’Anti-Atlas marocain a de nouveau pris l’allure d’un trek. Il s’agit d’un itinéraire que nous avons conçu avec la volonté de varier, diversifier et rythmer notre aventure. Pour cela, nous veillons à avoir de nombreux paysages différents tout au long de la journée, c’est ce qui nous émerveille.
Ce trek au Maroc parcourt le Djebel Saghro et la Vallée des Roses. Deux endroits de l’Anti-Atlas marocain très différents qu’on a reliés à pied. Le premier est encore très sauvage, tandis que l’autre est un peu plus touristique. Il s’agit d’un trek aux multiples facettes, à la rencontre de l’homme.
Le trek qui traverse le Djebel Saghro en deux jours est la première étape d’un voyage d’une semaine. Si d’habitude nous sommes plutôt à la recherche de la déconnexion totale avec un penchant pour les treks continus, nous avons choisi de faire une coupure en plein milieu en rejoignant la ville de Boulemane Dadès. C’est un format qui permet de visiter des points d’intérêts plus lointains en louant une voiture. Il permet aussi un ravitaillement pour garder des sacs relativement légers : 11 et 14 kg. Pour la deuxième étape du trek, nous avons choisi la Vallée des Roses bien connue pour ses couleurs vives en saison estivale. Les bouleaux en hiver nous ont offert des paysages surprenants.
Pendant ce voyage, nous avons fait de belles rencontres qui resteront gravées dans nos mémoires. Nous ne nous doutions pas qu’une deuxième venue au Maroc nous procurerait des sensations aussi intenses.
Sommaire
La logistique pour réaliser un trek dans le Djebel Saghro et dans la vallée des Roses
- La nourriture et les ravitaillements
- Le réapprovisionnement en eau au Maroc
- La gestion de l’énergie
- Les transports au Maroc
- Bivouac et hebergements
Notre itinéraire dans le Djebel Saghro
- Etape 1 : Handour – Igli
- Etape 2 : Igli – Tagdilt
Notre itinéraire dans la Vallée des Roses
- Etape 1 : Aït Ben Ali – Bou Tharar
- Etape 2 : Bou Tharar – Kelâat M’Gouna

La logistique pour réaliser un trek dans le Djebel Saghro et dans la vallée des Roses
La nourriture et les ravitaillemennts
Au Maroc, on croise régulièrement de nombreuses petites épiceries dans les villages et hameaux, même hors des tracés de randonnées touristiques. Malheureusement, ces boutiques proposent majoritairement de la nourriture de mauvaise qualité comme des biscuits ultra sucrés, chocolats et confiseries. On ne peut pas espérer se ravitailler en produits adaptés à la randonnée à tous les coins de rue. Une autre difficulté, c’est qu’elles ne sont pas souvent référencées sur les cartes type Google Maps, il n’est donc pas possible de prévoir ces ravitaillements à l’avance.
Cependant, un ravitaillement complet est possible à mi-chemin à Boumalne Dadès. Vous pourrez optimiser vos sacs en achetant du pain, des fruits secs, des gâteaux ou bien du thé au souk du village.
Le réapprovisionnement en eau au Maroc
On peut bien évidemment acheter des bouteilles d’eau en ville mais on ne peut pas compter sur un ravitaillement dans les petites épiceries. Comme on ne trouve quasiment aucune fontaine d’eau et très peu de sources comme en France. Il faut absolument veiller à apporter un dispositif de purification. Au Maroc, nous emportons toujours avec nous la pompe MSR Guardian.
La gestion de l’énergie
Lors de nos longs treks, nous apportons un panneau solaire. C’est sans doute la meilleure option pour recharger les batteries des appareils étant donné l’ensoleillement plus qu’optimal. Si en France nous évitons d’attacher directement le panneau solaire sur le dos en randonnée (car les téléphones n’aiment pas la charge intermittente), c’est une bonne astuce au Maroc. Ne nous sommes jamais tombés en panne de batterie avec cette solution.
Les transports au Maroc
C’est la première bataille à laquelle on est confronté lorsqu’on arrive au Maroc. Trouver un moyen de locomotion, sans se faire (trop) arnaquer.
Les guides touristiques annoncent que les prix des taxis collectifs sont identiques aux bus. C’est évidemment faux ! En tant que touriste, il est difficile de trouver un taxi collectif pour une destination précise. En effet, il faudra, en plus d’être confronté à une négociation du prix, payer les places restantes – ou attendre d’autres personnes intéressées par le même trajet. Pour le trajet jusqu’à Handour, nous aurions dû payer 6€ par personne jusqu’à N’Kob, mais comme le taxi n’était pas plein nous avons dû payer les places restantes et cela nous a finalement coûté 40€.
Les lignes de bus sont plus difficiles à trouver mais elles partent au contraire à des moments réguliers tout au long de la journée. Pour le retour depuis l‘oasis de Skoura jusqu’à Ouarzazate, nous avons déboursé quelques euros seulement pour deux personnes. En plus, les bus sont très modernes et confortables, le grand luxe !
Bivouac et hebergement
Pour réaliser cet itinéraire de trek; il est nécessaire d’emmener son materiel pour bivouaquer. Il n’est difficile de trouver des emplacements de bivouac en pleine nature puisqu‘il n’y a pas de restrictions particulières et que les reliefs s’y prêtent plutôt bien. Le sol est cependant très caillouteux et il est parfois difficile d’y planter les sardines ! Il faut aussi savoir que dès lors que vous vous intallez quelque part, un habitant vous aura certainement repéré et viendra vous offrir son hospitalité. C’est ainsi que nous avons bivouaqué à côté de la tente de Zaid et son fil, des nomades du Djebel Saghro, après avoir partagé un repas ensemble.
Si vous voyagez dans cette région du Maroc, vous atterrirez certainement à l’aéroport de Ouarzazate, nous vous conseillons l’Hôtel Riad Dar Daïf. Au départ de la traversée du Djebel Saghro, vous pouvez séjourner dans cet hébergement situé à Nkob, optez pour la Kasbah Ennakb. A Boumalne Dadès, vous pouvez faire une pause confortable à la Kasbah Tizzarouine avant de continuer votre périple dans la vallée de Dadès et la vallée des Roses. Et pour terminer votre séjour en beauté, on vous conseille ce superbe hôtel situé à Kelâat M’Gouna.
Que faire autour de ce trek ?
- Cet itinéraire rend possible la visite des gorges du Dadès en louant une voiture ou à pied. Le point de départ est accessible en bus de Boumalne Dadès pour 5 dirhams par personne. (10 dirhams = 1 euro).
- Ne loupez pas la visite de la Palmeraie de Skoura !
Recommandations pour ce trek dans le Djebel Saghro et dans la Vallée des Roses
- Il y a peu d’eau potable au Maroc. Avoir un moyen de filtration est indispensable.
- La température en février est plutôt clémente. Elle peut passer en négatif la nuit et reste douce la journée (entre 15 et 20 degrés). Mais au soleil, attention ça tape !
- Gare aux chiens de bergers, les Aïdi peuvent avoir un comportement agressif si l’on s’approche des troupeaux.
- Attention, en pleine saison estivale les températures peuvent atteindre 50 degrés. Même si ce pic n’est pas atteint, il devient difficile pour des non acclimatés de faire de la randonnée, même non sportive. Les cobras et d’autres espèces nécessitants des précautions particulières apparaissent dans ses montagnes.
- En ce qui concerne les paiements au Maroc, il est avantageux de se renseigner sur les affiliations entre les banques. La BNP par exemple est affiliée à la Banque Populaire très présente là bas. Cela permet d’éviter les frais supplémentaires.
- Il est important de prendre une assurance. La carte visa premier peut selon votre banque vous apporter une aide assistance rapatriement et prendre en charge les frais de retour en cas de blessure en randonnée. D’autres assurances sont disponibles. Se renseigner au Club Alpin Français, ou auprès des assurances directement en ajoutant des options.

Djebel Saghro : première étape de ce trek
Handour – Au dessus d’Igli
29
kilomètres
1400
mètres de dénivelé
10h00
d’effort
Nous avons passé la nuit dans l’Oued de l’oasis, un peu au dessus d’Handour, à 2 kilomètres au nord du gîte d’étape. Se lever avant le jour nous a permis d’apprécier la douceur des couleurs naissantes sur les roches du Djebel Saghro. En février, nous avons bénéficié de journées assez longues en marchant matin et soir au crépuscule pendant les 10 bonnes heures de jour.

Durant cette étape nous sommes très vite confrontés à la mendicité. Les enfants demandent des stylos, des dirhams, du chocolat. Un berbère nous dira plus tard qu’ils échangent ensuite leur butin contre des bonbons . Il regrette cette pratique durant son enfance qui lui a valu quelques dents en raison de la mauvaise hygiène dentaire au Maroc. J.GANDINI dans son ouvrage « Pistes du Maroc » dénonce les dons aux enfants Cela modifie leur comportement et les conditionne à mendier parfois agressivement, de manière envahissante. Il conseille de donner via des organismes, ou aux instituteurs des villages qui les redistribueront ensuite aux enfants.

L’itinéraire de la première journée longe les Oueds et traverse les Oasis, il n’est alors pas trop difficile de trouver de l’eau à filtrer pour se ravitailler. En février, nous dormions dans le lit de la rivière qui offre un sable très confortable : aucun orage n’était prévu. Deux boutiques sont sur le chemin, une à Ichazzoun N’Imlas et l’autre à Igli. Soyons clairs, il s’agit de minuscules échoppes dont la plupart vendent du thé, des gâteaux, des bonbons et parfois du miel, du pain, des œufs et même de la Vache qui rit. Il est aussi possible de prendre une douche à Igli !
À noter qu’il est très important de faire le plein d’eau à Igli même, ou juste au dessus au bassin qui alimente le hameau. Le prochain point d’eau est bien loin.

Nous avions prévu une halte à Igli pour passer la nuit, nous nous engageons néanmoins sur l’ascension pour profiter de notre avancée. Peu avant le belvédère, les lumières du soir font rougir les monts du Djebel Saghro.

Les coins pour dormir se font rares. Par chance, nous croisons un nomade qui nous accueille dans sa famille. Ils ont construit une petite cabane en pierre et en terre pour y stocker les vivres et y dormir à l’abri durant cette période. Au programme, du whisky marocain (thé à la menthe), du pain cuit sur la pierre chaude que nous accompagnons avec nos repas de trek pour régaler tout le monde. Nous échangeons nos us et coutumes avec Zaïd qui parle un peu français.

La nuit de sommeil fut plus courte que les autres…
Illustration de Zoé Lefébure
Pour le coup, si quelqu’un croise Zaïd un jour, un stylo et une petite frontale à pile lui seraient bien utiles, il nous en a réclamé aussi !

C’est une étape de 1400 m dénivelé positif, 320 m de dénivelé négatif, 29 kilomètres linéaire. À titre d’information, nous avons mis quasiment 10 heures hors pauses pour la réaliser.
Trek du Djebel Saghro : deuxième étape de ce trek au Maroc
Campement de Zaïd vers Tagdilt, puis Boumalne Dadès
20
kilomètres
465
mètres de dénivelé
6h30
d’effort
Le deuxième jour commence donc au campement nomade. Une variante est possible dès le départ en passant par les crêtes à l’Est. Etant donné que nous étions au crépuscule, nous avons préféré prendre de l’avance en passant par le cirque pour profiter de la fin de journée à Boumalne Dadès.


La diversité des paysages s’enchaîne encore. Oueds, oasis, crêtes puis cirques pour finir avec une descente dont la vue est dégagée sur la vallée de Boumalne Dadès. Les chaînes de montagnes au loin abritent les fameuses Gorges du Dadès ainsi que celles de Todra.

Plus loin vers Tagdilt il est très facile de trouver quelqu’un pour nous emmener à Boumalne Dadès. Il s’agit d’un village qui a l’habitude d’accueillir des touristes qui randonnent dans le Djebel Saghro. Les habitants aiment exercer leur français et sont parfois trop insistants pour qu’on dorme chez eux. La négociation pour Boumalne Dadès est assez difficile et les prix demandés sont parfois exorbitants. 100 dirhams semble être un prix très juste.

Boumalne Dadès est une petite ville de 2000 habitants, nous trouvons tout ce dont nous avons besoin. Il est possible d’y louer une voiture pour 30€ par jour et de dormir confortablement à l’hôtel. Notons qu’il s’agit d’un endroit très prisé pour les tapis Berbères. Si vous souhaitez faire une pause découverte, il est possible de faire cette randonnée à partir d’Aït Ben Ali dans les gorges du Dadès.

Il s’agit d’une étape de 465 mètres de dénivelé positif contre 1115 mètres de dénivelé négatif sur une distance de 20 kilomètres. Nous l’avons parcourue en 6 heures et 30 minutes hors pauses.
Pour ce qui est de l’altitude, nous passons à 2500 mètres. Se renseigner sur la présence ou non de neige est indispensable.
Vers la Vallée des Roses : troisième étape de ce trek
De Aït Ben Ali vers Bou Tharar
28,7
kilomètres
530
mètres de dénivelé
10h00
d’effort
Cette très jolie étape a une première partie très aride et une deuxième très arborée. Encore une fois il sera recommandé de se ravitailler en eau avant de s’aventurer dans cette traversée. Mais pas de panique, une magnifique fontaine vous accueille peu de kilomètres après le départ. Prenez garde aux chiens des bergers et ceux des femmes qui récoltent l’herbe à thé, ils sont imprévisibles à l’image des Patous des Alpes.

Bou Tharar se découvre quelques temps après avoir pénétré une vallée fertile. Nous traversons une multitude d’oasis où les habitants cultivent les terres, récoltent et nettoient leur linge. Ils sont très curieux et nous proposent encore quelques fois de boire le thé.
À Bou Tharar il est possible de trouver des petits commerces. Un peu après la sortie du village, un chemin surplombe la route. Les points de vue sont exceptionnels et on y trouve de nombreux abris sommaires construits en terre.

Cette journée fut très riche en faune, nous avons pu observer de nombreuses tortues aquatiques tout au long de la journée, ponctuant de « ploufs » notre randonnée. Le soir, il est aussi possible d’y voir des loutres chasser.
Voici l’itinéraire ainsi que le profil altimétrique. Le dénivelé est beaucoup moins important que pour les deux premières journées et le paysage tout aussi varié.

Cette étape fait 530 mètres de dénivelé positif et 560 négatif sur 28,7 Km. Nous avons mis 10 heures.
Vallée des Roses : quatrième étape du trek
De Bou Tharar vers Kelâat M’Gouna
26
kilomètres
400
mètres de dénivelé
8h30
d’effort
Cette quatrième et dernière étape débute à la sortie de l’oasis de Bou Tharar. De surprenantes couleurs ocres naissent dès les premiers rayons du soleil.



Une petite surprise tout à fait remarquable se situe en fin de trajet : on ne vous en dira pas plus !
A Kelâat M’Gouna, des grands autocars permettent de rentrer à Ouarzazate pour 25 dirhams. Ils sont situés après la place des taxis.
La Palmeraie de Skoura, classée au patrimoine mondial de l’Unesco vaut bien évidemment le détour. Elle se situe sur le retour et est accessible par autocar pour 15 dirhams. Notons au passage que les autocars présentent tous les critères de sécurité. (Nous les avons même trouvés très Hi-Tech.)

Il s’agit d’une étape de 400 mètres de dénivelé positif et 506 négatif. L’étape parait très plate mais il y a pas mal de petit ressauts tout le long de l’étape.
Ces 26 km ont été parcourus en 8 heures 30.
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