73
km
1510
mètres de dénivelé
4
jours
La Bretagne propose un paysage français qui devrait être placé plus souvent sur le devant de la scène. Dès que nous arrivons dans cette région nous constatons la présence de la langue bretonne sur les panneaux de signalisation routière, signe d’une identité culturelle forte, fière et défendue. Il s’agit d’une région qui nous transporte tant par ses couleurs, son paysage naturel remarquable qui résiste au caractère impétueux des éléments marins que par l’accueil chaleureux des Bretons qui fut bienveillant à notre égard.
Belle-Île-en-mer est une île bretonne très appréciée pour son cadre naturel. Elle dispose d’un circuit de grande randonnée qui n’a rien à envier à des GR plus médiatisés. Le paysage de bord de mer très varié est superbement bien protégé des constructions. La loi littoral et les éléments déchainés sont très certainement tous deux responsables de la préservation du site.
Les conditions météo bretonnes changeantes furent très appréciées. Au mois d’octobre, nous avons effectivement eu le droit à toutes les saisons, plusieurs fois par jour. Ce fut pour nous une chance de découvrir l’authenticité paysagère de cette région. Le grand soleil et les magnifiques nuances de gris nous ont permis de découvrir la côte bretonne dans toute sa splendeur ! L’île touristique est appréciée pour ses incroyables paysages, sa flore, ses magnifiques plages et bien sûr pour des spots de surfs aux décors remarquables.
Le Palais est une petite ville portuaire de Belle-Île-en-mer qui accueille les ferries. Une citadelle fortifiée par Vauban en partie visitable surplombe le port.
Belle-Île connaît, durant toute son histoire, de nombreux pillages par les pirates qui la voient comme un lieu de ravitaillement. Dès le 11e siècle, l’île se dépeuple pour cette raison. L’île est alors donnée à des bénédictins qui sollicitent des colons pour y construire une première citadelle. Par la suite elle connaitra de nombreux ravages, des pillages et des enlèvements jusqu’à être occupée par les Anglais de 1761 à 1763 et par les Allemands durant la seconde guerre mondiale.
L’île présente de ce fait de nombreux bunkers où il est possible de se réfugier pour bivouaquer en cas de pluie !
ETAPE 1 : Du Palais à Locmaria
16
kilomètres
340
mètres de dénivelé
5h00
d’effort
Après avoir pris le temps de visiter Le Palais et équipés d’un succulent Far Breton et de quelques Kouign Aman, prenons la direction de Locmaria. La côte présente une multitude de petites criques et quelques points d’intérêts.
Cette étape est une superbe introduction à ce que vous allez découvrir par la suite, tant dans le paysage que dans l’effort. On y découvre des plages très jolies et il ne faut pas hésiter à faire parfois quelques crochets vers l’océan qui vous réserve parfois de belles surprises. Sous le soleil, les couleurs chaudes du sable ressortent. L’été, l’île est extrêmement touristique et propice à la baignade !
Le temps d’octobre peut changer très vite. Un véritable bonheur pour les randonneurs. Grâce à cela il nous laisse apprécier une multitude de paysages différents dans la même journée.
Les nuages viennent et vont. Parfois annonciateurs d’une pluie à laquelle il faut se préparer très rapidement. Nous avons constaté que lorsque le temps se couvre brusquement à cause du vent, une pluie légèrement plus intense qu’un crachin nous avertit 30 secondes à l’avance d’un potentiel déluge. La réactivité est de mise pour rester au sec. Avec le vent puissant des côtes, il peut pleuvoir à « l’horizontal ».
Sur le chemin nous avons été assez déçus que la Belle Fontaine Aiguade de Vauban ne soit pas ouverte au public. Il s’agit d’une réserve d’eau douce de plusieurs milliers de mètres cubes servant autrefois aux marins. Elle est généralement ouverte !
Ensuite, nous arrivons au village de Locmaria, village de pêcheur qui s’est petit à petit adapté au tourisme. Vous y trouverez de quoi vous sustenter et dormir. L’église de Locmaria est à visiter.
Vous trouverez en face de l’église de Locmaria des sanitaires permettant d’y remplir vos gourdes.
ETAPE 2 : De Locmaria à l’Ile de Bangor
16
kilomètres
450
mètres de dénivelé
6h00
d’effort
Avant de partir veillez à remplir les gourdes à Locmaria : vous ne trouverez pas d’eau sur cette étape ni sur la suivante, il faudra demander aux habitants !
Cette étape est certainement celle qui possède le plus de dénivelé. Nous avons même croisé un randonneur qui le comparait à celui d’un dénivelé de montagne ! Il est clair que les montés et descentes successives se ressentent très rapidement dans les jambes. L’exercice peut paraître difficile : nous avons tendance à aller plus vite sur de courtes montés pour les abréger, cependant respecter son rythme est indispensable pour tenir dans la durée puisqu’elles s’enchainent.
Cette étape offre des points de vues dégagés sur les côtes parfois noirâtres de Belle-Île-en-mer ainsi que des paysages plus à l’intérieur des terres tout à fait remarquables.
Les plages deviennent des ports qui s’enfoncent à l’intérieur des terres telles de longues brèches qui peuvent abriter les navires des éléments déchainés de la côte ouest. Le port de Pouldon ci-contre en est un parfait exemple.
Lorsque le temps se gâte, c’est toute l’intensité de la Bretagne qui se révèle.
ETAPE 3 : De l’île de Bangor à la pointe des Poulains
23
km
380
mètres de dénivelé
6h30
d’effort
Nous l’avons dit et redit, Belle-Île-en-mer est surprenante par la diversité des paysages qu’elle propose. Qui pensait qu’un chemin côtier pouvait être autant rythmé et diversifié ?
Nous commençons directement cette journée avec la découverte du Port Kérel à marée basse qui nous permet de gagner 500 petits mètres linéaires et un peu de dénivelé. Il nous en faut peu pour apprécier un début de journée !
S’il vous manque des provisions et que vous ne trouvez pas d’eau : c’est le moment d’aller à Bangor ! Vous y trouverez une fontaine, une supérette et un restaurant. Ici, le phare de Goulphar dont vous sentiez la présence durant la nuit en bivouac se rapproche de plus en plus.
L’ambiance est superbe, nous sentons les éléments qui se déchainent… Nous avons eu une nuit extrêmement agitée, avec des vents avoisinant les 70 kilomètres heures et il nous a fallu nous déplacer plus à l’abri. Le bivouac conseillé pour cette étape est bien évidemment à éviter lorsque le temps est peu clément. Fans de nombreux ports il est possible de trouver des bunkers adéquats en cas d’apocalypse…
Quel est donc ce petit édifice si proche de la mer ?
Il s’agit d’un bâtiment construit en 1892 : la Sirène de Belle-Île. Lorsque le Grand Phare (phare de Goulphar) situé à un peu plus d’un kilomètre n’arrivait plus à percer la brume, ce bâtiment produisait un son pour prévenir les navires. Un conduit de 1200 mètres de long le reliant au Grand Phare et enterré à 1 mètre de profondeur contenait l’air comprimé qui était transformé en sirène grâce à la forme de l’arrière de ce bâtiment que nous vous laisserons découvrir ! Elle est désaffectée en 1987, le GPS la rendue obsolète.
Le voilà le Grand Phare de Kervilahouen. Du haut de ses 92 mètres de granite, sa construction s’achève en 1835. Il possède actuellement une portée de 50 kilomètres et se place donc parmi les plus puissants d’Europe. À ses pieds se trouvent des bâtiments techniques et d’habitation des gardiens. Au rez-de-chaussée, une exposition permanente sur l’histoire des phares, le métier de gardien et les espaces naturels à découvrir avant de gravir 247 marches et d’apercevoir Belle-Île. Vue quasi imprenable… à quelques brouillards près !
Les Aiguilles du Port Coton sont un paysage emblématique de Belle-Île.
Les Pyramides de Port-Coton, mer sauvage. Telle est le nom de l’huile sur toile que Claude Monet réalise en 1886. D’autres peintres de renom les ont représentés. Il réalise lors de son séjour six versions de cette vue qu’on peut retrouver dans divers musées du monde entier. Une peinture se trouve au Musée du Luxembourg à Paris !
L’appellation de ces roches proviendrait de l’écume fouettée lors d’un temps particulièrement agité qui forme des amas mousseux transportés par le vent. Avec un vent à 60-70km/h annoncé, nous avons pu en voir de nombreux !
Nous arrivons maintenant à la plage de Donnant, spot apprécié par les surfeurs et nous comprenons pourquoi.
Sur les hautes dunes de sables, de plus jeunes Bellilois s’amusent. Le vent fort souffle dans leur dos et les propulse pour leur plus grand plaisir et ils sont très doués : ils nous ont offert un spectacle de pirouettes très acrobatiques.
L’environnement de la plage du Port de Donnant est incroyable. Elle est bien ouverte et le mélange de couleur dû au sable, aux roches ainsi qu’à la flore la rend très particulière.
Ensuite, place aux plateaux facile à marcher. Sur ceux-ci, il est demandé de ne pas sortir des « rails ». Un travail pour protéger la lande à bruyère vagabonde a été réalisé. Il s’agit selon le Conservatoire du Littoral d’un milieu naturel « rare et presque endémique ».
« La lande à bruyère vagabonde est un milieu naturel uniquement présent à Groix, l’Ile d’Yeu et Belle-Ile (80% de sa surface mondiale étant sur la Côte Ouest de l’Île). Protégée au niveau européen, cette association végétale, composée de bruyères (vagabonde et cendrée) et d’ajoncs maritimes, abrite de nombreuses espèces et forme un paysage particulier. »
Le conservatoire du littoral
Il n’est pas possible d’aller parcourir la Pointe du Vieux Château, il s’agit d’une réserve archéologique et ornithologique. La grosse dune qui bloque le passage sur laquelle on peut prendre de la hauteur est en fait une construction gauloise destinée à la défense d’un village présent sur cette presqu’île à l’âge de bronze.
Encore quelques efforts pour arriver à la Pointe des Poulains marquée par son phare qui scintille dans la nuit. Les éléments se déchainent… Il est temps de trouver un coin où s’abriter.
ETAPE 4 : De la Pointe des Poulains au Palais
18
kilomètres
340
mètres de dénivelé
5h00
d’effort
Au petit matin, on continue vers la Pointe des Poulains et de son phare avertissant inlassablement les navires tout au long de la nuits.
Voici le fort de Sarah Bernhardt surnommée « la Voix d’or » selon Victor Hugo, « la Divine » ou encore « l’impératrice du théâtre » par d’autres. C’est une actrice française née en 1844 et morte en 1923 qui devient la première star internationale. Elle est donc considérée comme l’une des plus importantes actrices françaises du 19e siècle et du début du 20e siècle.
Lorsqu’elle découvrit Belle-Île, elle en tomba amoureuse et décida malgré sa carrière internationale d’actrice d’habiter ici, dans ce lieu qu’elle décrit comme inaccessible, inhabitable, inconfortable. Cela deviendra son refuge. Le fort à gauche devint rapidement trop étroit, en 1897 elle fit construire une deuxième villa spécialement pour ses invités et une autre maison pour son fils et ses enfants.
Sarah Bernhardt aurait acheté un petit éperon juste à gauche de cette prise de vue et a dessiné elle même sa sépulture. Cependant, elle rejoindra le cimetière du Père-Lachaise.
Puis nous mettons le cap sur le port de Sauzon. Un petit port de pêcheur incroyable qui fait partie d’un des villages préférés des Français. À en voir les commerces, l’endroit doit être extrêmement touristique l’été. On y trouve des douches, des sanitaires, une supérette et plein de boutiques de souvenirs si votre sac a encore un peu de place…
Sur le chemin du retour, de nombreux bunkers qui sont explorables. Puis juste avant Le Palais, il est possible de visiter la citadelle qui fut fortifiée par Vauban.
Recommandations
Cette île est située au large de la presqu’île de Quiberon, pour s’y rendre plusieurs ferries depuis divers ports effectuent le trajet en saison estivale mais seulement le Port Maria propose le service en hiver.
En hors saison, seul le ferry partant de Quiberon effectue la traversée, il faudra compter 15€50 par personne et par trajet pour effectuer une traversée de 45 minutes.
Attention, pour laisser son véhicule à la presqu’île de Quiberon il faudra se renseigner sur le site de la mairie qui laisse à disposition un plan de stationnement de la ville très réglementé.
Il est encore possible d’acheter quelques victuailles sur l’ile qui possède plusieurs supérettes plutôt bien réparties sur toute l’île. Elles se trouvent à Palais, Suzon, Bangor et à Locmaria.
Attention, il n’y a pas beaucoup d’endroits où se ravitailler en eau potable ! Il faudra alors solliciter les autochtones ou faire parfois quelques détours vers les villes qui possèdent des commerces !
Si vous n’avez pas de gaz pour votre réchaud, il est possible d’en acheter à Palais avant de partir et vous pourrez en trouver à l’épicerie à Sauzon.
Il est bien connu que la Bretagne offre souvent quatre saisons en une journée. Les pluies peuvent changer brusquement du crachin au déluge. Heureusement pour nous, elles n’ont jamais durés bien longtemps ! À bon entendeur…
Bonus
Avant de nous quitter n’oublions pas l’indispensable :
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=QSyZWsS_UZc&w=560&h=315]Bon trek chers explorateurs !
très belles photos, cela me rappelle de bons souvenirs!
Tour de Belle île en 4 étapes mais avec 103km au compteur. Effectué en juin 2015, très beau temps,de merveilleux souvenirs.
Superbe !! Il me tarde de faire le tour de cette superbe île… Attention toutefois c’est Quiberon sans accent voyons, vous allez attirer la foudre des bretons (j’en suis un mais bon ça passe pour cette fois 😉 ).
Merci on va corriger ça. 😉
Concernant le gaz, il y a possibilité de trouver du camping gaz à l’épicerie Vival à Sauzon…
Merci, je corrige l’erreur : nous avions pourtant demandé confirmation à un Bellilois de Bangor !