Selvaggio Blu, ou bleu sauvage

Cela fait presque deux ans que Marvin et son compagnon d’aventure ont réalisé ce trek, mais les épreuves et les paysages sont inoubliables. C’est pourquoi Explore A Perte de Vue détaille dans cet article les précautions indispensables pour le réaliser.

Ce trek situé sur la côte Est de la Sardaigne présente un paysage calcaire comparable à celui du Gr98 qui traverse les Calanques de Marseille. À flanc de falaises, nous sommes projetés au dessus de la mer pour se délecter des multitudes de teintes de bleu. Très accessible géographiquement, il nous a emmené dans un paysage sauvage quasi immaculé qui nous a procuré des sensations d’exploration. Mieux vaut être prêt avant de se lancer, car lorsque c’est fait, faire demi-tour n’est plus possible, épreuves, rappels et passages très techniques obligent !


Le trek du Selvaggio Blu est réputé pour sa difficulté technique ainsi que par ses criques idylliques où la pause baignade est un “must-do ». Avec un budget serré, nous nous sommes alors persuadés qu’il n’y avait aucune aide à la période de l’année où nous le faisions… (Taxi boat et soutien logistique de ravitaillement d’eau) Fin octobre ! Et vu l’état général de la mer nous avions probablement bien fait.

En saison les bergers semblent très voir trop portés sur ce business. A tel point que certains randonneurs ayant recours à leurs prestations se dégoûtent totalement du lieu. Le blog de Pascal Sommelier en est un exemple. Il regorge en plus de nombreuses photos impossibles à réaliser en raison du très mauvais temps durant notre trek. Une mine d’informations pour les passages techniques bien que excessivement négatif. Trempés jusqu’aux sous-vêtements, impossible de sortir quoi que ce soit du sac à dos. Nous gardons un souvenir positif de ce trek et de ses merveilles qui se méritent énormément il faut dire… mieux vaut être prêt physiquement et techniquement pour les apprécier !
À noter que ce trek ne peut s’effectuer que dans un seul sens, celui Sud-Nord, en raison des rappels qui seront mentionnés par la suite. Avant de s’engager, il est important de prendre en considération la difficulté du trek.

Plusieurs problématiques se dressent alors à nous lors de la réalisation de ce parcours.

1- Les rappels et l’engagement

Il s’agit d’un itinéraire connu comme difficile et engagé à travers une végétation dense souvent à flanc de falaise. Sur internet nous trouvons rapidement la mention “7 jours de trek extrême ».


C’est dit : mieux vaut avoir le pied sûr ainsi que des connaissances basiques d’alpinisme sur rocher.

Côté technique, il comporte une petite dizaine de sections de rappels allant de 10 à 45 mètres, des sections en escalade facile niveau 3 – 4 équipés de spits et de mains courantes. Pour les franchir, il est agréable de s’équiper de deux longes dynamiques reliées au baudrier pour franchir les passages d’escalade comparable à de la via ferrata.


L’un des plus grand rappels

A noter que le passage technique juste après Cala Goloritze est trop exposé pour le passer sans assurance. Une première monté sans sac pour vérifier que la main courante servant au rétablissement en haut n’est pas enroulée dans l’arbre est la bienvenue… Placer une moulinette à cet endroit peut aussi s’avérer fort utile. Avec des sacs lourds cette section est très délicate. Mon compagnon de voyage et moi avions été surpris par la quantité de terre au rétablissement de la face à gravir. La suite est un long couloir de terre – très pénible sous la pluie- terminée par un mur de 3m50 à franchir grâce à un tronc d’arbre taillé avec des encoches…

2- L’orientation

La difficulté rencontrée lors de l’orientation est telle que, sans GPS, il n’est pas rare de perdre beaucoup de temps pour retrouver le sentier.
Le balisage -un point bleu– n’est pratiquement pas entretenu dans les sections les moins accessibles et se trouve souvent espacé de deux cents mètres dans des endroits vraiment pas évident ! Alors les caïrns “aériens” sont d’une aide précieuse lorsqu’ils y sont ! Effectivement, les pierres nichées dans les arbres servent à se repérer.

Trouver son chemin relève d’un véritable travail de détective. La végétation n’est pas entretenue par soi-disant choix de conserver un tracé “naturel”, ce qui ne nous donne que peu d’indications. Il n’est pas rare que l’on doive s’approcher à moins d’un mètre d’un buisson pour en découvrir une étroite encoche qui laisse apparaître le chemin.


Paysage au dessus de la végétation dense

Si il peut être utile de se mettre dans la peau des « ouvreurs ? » du treks pour deviner où se trouve le passage (en vain), vous pouvez parfois vous contenter de suivre la couleur ocre orangée recouvrant le calcaire faiblement patiné sur le chemin.

De plus les réchappes permettant l’abandon sont plutôt rares et peu accessibles, il est très probables de se retrouver face à des falaises infranchissables en essayant le hors sentiers.

La carte intitulée  “La mappa di Selvaggio Blu” de Mario Verin et Giulia Castelli au 1:15000 ne comprend que les portions entre Pedra Longa et Cala Sisine est indispensable pour ce trek. Les “extensions” restent tout de même évidentes et ne nécessitent pas vraiment de carte, si ce n’est pour se rassurer.

IMPORTANT ! Le tracé ne possède absolument aucun point de ravitaillement en eau potable… seule l’eau de mer et parfois la pluie est abondante…

3- La lacune en eau potable

Quelques stratégies sont possibles pour pallier à cela.

Le ravitaillement logistique, dont le tarif est fixée à 700€ pour l’année 2018 et comporte deux prestations : celle “soft” avec la prise en compte du ravitaillement d’eau et de nourriture ou la complète qui comprend en plus le portage d’un sac a dos. La sollicitation des bergers est très onéreuse et reste aussi une possibilité.

Le portage. Ce trek de 40 kilomètres sans énormément de dénivelé est long en raison des rappels. Nous avons choisi le portage pour des raisons financières. Il faut veiller à calculer minutieusement la consommation d’eau journalière (gourdes cuisine etc..) et bien se connaître pour être sur de ne pas surconsommer pendant le rationnement.

La récolte. Être “chanceux” dans ce trek, c’est assister à une averse. Par chance, il a fait que pleuvoir et nous avons pu en profiter pour recueillir de l’eau de pluie via une bâche que nous avons consommé par un simple filtre ajustable sur camelbak. (Le prix avoisine les 30 euros). Il y a aussi quelques grottes (dont une est placée quelques kilomètres avant celle de Fico) qui laissent échapper un doux son d’eau qui coule… Il faudra être patient pour remplir les gourdes ceci dit… ou se servir dans les bouteilles toutes vertes laissées à disposition des assoiffés ! Malheureusement  qu’il n’existe pas (encore ?) de système portatif de filtration d’eau de mer.

Une fois toutes ces étapes franchies, il est indispensable de prévoir un repos bien mérité à Cala Sisine !


Malgré toutes ces difficultés, nous insistons sur le fait que ce trek est d’une richesse paysagère incroyable. Nous avons traversé de nombreuses baies, criques et effectué plusieurs rappels très impressionnants.

Mais ces paysages, ils se méritent !

Bon trek !

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